Parmi les personnes qui me consultent pour résoudre leurs troubles digestifs, deux catégories se distinguent : celles qui ignorent l’impact de leur consommation d’alcool sur leur santé et leur bien-être digestif, et celles qui ont totalement arrêté l’alcool en raison de brûlures d’estomac, d’un intestin irritable ou d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin.
Mais qu’en est-il réellement ? Dans cet article nous allons explorer ce qu’il se passe dans le corps lorsque l’on consomme de l’alcool et comment cela peut influencer le microbiote intestinal, pour que vous puissiez faire des choix éclairés. Vous pouvez également écouter cet article dans l’épisode 152 de mon podcast KINOA.
Comment l’alcool affecte le microbiote intestinal
Le microbiote représente l’ensemble des bactéries peuplant l’intestin. Il joue un rôle fondamental dans la digestion, la production de certaines vitamines et même le fonctionnement du système immunitaire. En naturopathie, maintenir un microbiote diversifié et équilibré est essentiel pour une santé optimale.
L’alcool peut perturber cet équilibre. En effet, il peut créer un environnement hostile pour les bactéries bénéfiques du microbiote. Des recherches montrent que même une consommation modérée d’alcool peut réduire la diversité du microbiote, entraînant la diminution des bactéries bénéfiques. Cette réduction peut favoriser la prolifération de bactéries moins bénéfiques, voire nuisibles, augmentant ainsi le risque d’inflammation et de perméabilité intestinale ou « leaky gut » (dont je parle dans l’épisode 148 du podcast). De plus, l’alcool agit comme un irritant pour la paroi intestinale, ce qui la fragilise davantage.
Ainsi, la consommation d’alcool perturbe la composition du microbiote et fragilise la paroi intestinale, ce qui n’est pas bénéfique pour la digestion. Une consommation régulière d’alcool peut donc être à l’origine de ballonnements, diarrhées, brûlures d’estomac, constipation, ou inflammation chronique.
Un microbiote déséquilibré et une paroi intestinale affaiblie augmentent la susceptibilité à l’inflammation chronique et la malabsorption des nutriments essentiels. Cela peut entraîner des carences nutritionnelles, de la fatigue chronique, la perte de cheveux, ou des troubles cutanés.
Les effets de la consommation modérée versus excessive
Il est important de différencier la consommation occasionnelle d’un verre de vin et la consommation excessive et régulière d’alcool. Cette dernière a un impact beaucoup plus dommageable sur le microbiote et accroît les risques d’inflammation chronique et de maladies digestives. A l’inverse des recherches montrent qu’une consommation modérée, surtout de vin rouge, pourrait avoir un effet légèrement bénéfique grâce aux polyphénols, des antioxydants naturels.
En Espagne, une étude a suivi des adultes sur plusieurs années. Elle a révélé que ceux qui consommaient du vin rouge modérément avaient un microbiote légèrement plus diversifié en raison des polyphénols. Toutefois, ces bienfaits disparaissent dès que la consommation dépasse un à deux verres par jour, et dépendent des particularités de chaque individu. Par exemple, avec une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, il peut être difficile de tolérer même un seul verre de vin.
Je recommande d’observer attentivement comment votre propre consommation d’alcool affecte votre digestion et vos symptômes. Les effets varient d’une personne à l’autre et dépendent aussi du type d’alcool consommé.
L’Impact de différents types d’alcool
Chaque type d’alcool a un effet spécifique sur le microbiote et la santé digestive. Le vin rouge est souvent vanté pour ses polyphénols, alors que la bière contient des sucres fermentescibles qui peuvent nourrir les mauvaises bactéries et déséquilibrer le microbiote. Les spiritueux, tels que le whisky, la vodka ou le gin, sont plus agressifs pour la paroi intestinale et peuvent entraîner des irritations plus importantes, en particulier en cas de consommation régulière.
Ces effets, qu’il s’agisse de la perturbation du microbiote ou de l’affaiblissement de la paroi intestinale, augmentent les risques de développer un intestin poreux ( le fameux leaky gut).
Protéger et réparer son microbiote après une consommation d’alcool
Pour celles et ceux qui souhaitent continuer à boire de l’alcool tout en minimisant les dégâts, voici trois astuces naturopathiques :
- Favoriser une alimentation riche en fibres : Consommer des fibres, des légumes fermentés, et des aliments prébiotiques peut encourager la croissance des bonnes bactéries intestinales. Des suppléments probiotiques peuvent également aider à restaurer la flore intestinale. Toutefois, adaptez la quantité de fibres à votre tolérance digestive.
- Bien s’hydrater : Buvez un verre d’eau entre chaque verre d’alcool pour éviter la déshydratation, qui affecte également la flore intestinale. Augmentez également votre hydratation les jours suivant une consommation excessive d’alcool.
- Consommer des tisanes apaisantes : Optez pour des tisanes de menthe poivrée, gingembre ou camomille pour soulager les inconforts digestifs et apaiser le foie et les intestins. Elles peuvent être consommées après un repas copieux ou en fin de soirée.
Conclusion : To drink or not to drink ?
L’alcool, même en petites quantités, a un impact sur votre microbiote intestinal. Parfois, des doses très modérées peuvent avoir des effets positifs, mais la plupart du temps, les effets négatifs l’emportent, surtout en cas de consommation excessive.
Il est essentiel de connaître vos limites et d’observer l’impact de l’alcool sur votre bien-être digestif. Réduire ou arrêter la consommation d’alcool peut s’avérer bénéfique pour rétablir l’équilibre du microbiote et préserver la qualité de la paroi intestinale. Votre microbiote est un allié précieux pour une bonne digestion, une santé mentale stable et une vitalité durable. Et pour finir je vous rappelle que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Consommez avec modération et en connaissance de cause 😉