Vénéré par certain, dangereux pour d’autre, qu’en est-il vraiment du jeûne, cette pratique ancestrale si chère à la Naturopathie ?
Faire un jeûne est une pratique redevenue à la mode mais en quoi ça consiste vraiment ? Y’a-t-il plusieurs façons de faire ? Comment s’y prendre et pourquoi pratiquer cette technique ?
On fait le point dans cet article que vous pouvez aussi écouter dans l’épisode 31 de mon podcast KINOA.

Est-ce que tout le monde peut jeûner ?, je crois qu’il est préférable de jeûner sans eau, jeûner guérit tout, mais quelle idée c’est inconscient de faire ça !, je n’y arriverais jamais, et si je fais juste un jeûne intermittent ça marche ?, combien de temps je dois arrêter de manger ?

Vous vous poser peut-être ces questions et c’est bien normal.

L’idée de cet article est de démystifier cette pratique, de mettre un petit coup aux idées reçues et surtout comme toujours de vous expliquer objectivement en quoi consiste le jeûne et comment vous pourriez profiter des bienfaits de cette pratique.

Qu’entend-on par jeûne ?

Le jeûne est l’abstinence de toute nourriture solide pendant plusieurs jours, obligeant l’organisme, privé de nourriture extérieure, à aller puiser dans ses réserves. En économisant sur la digestion et l’assimilation, toute la force vitale peut aller vers la fonction d’élimination et de régénération.

L’autolyse réalisée par le jeûne est un processus d’auto-digestion : le corps se nourrit de ses propres tissus. Au début, c’est le glucose mis en réserve (glycogène) puis les protéines et en dernier les graisses.

Très à la mode ces derniers temps, le jeûne est pourtant une méthode d’auto-guérison qui se pratique intuitivement depuis des milliers d’années. L’animal jeûne tout naturellement lorsqu’il doit se réparer.
Et dans les années 60, en France, la diète était encore conseillé par tous les médecins.

Le jeûne a pour but d’aider le nettoyage des « humeurs » ou liquides du corps humain, responsables de l’élimination des différentes toxémies qu’il subit inlassablement tout au long de sa vie. En Naturopathie, cette notion est primordiale. Une personne, qui n’élimine pas ou mal, est une personne potentiellement plus exposée à la maladie et aux déséquilibres.

Aucun médicament ne peut remplacer l’efficacité de cette hygiène de vie. Vous même vous le savez, lorsque vous avez fait des excès ou que vous êtes malades vous n’avez pas faim, c’est physiologique, c’est naturel.
Avec l’abus de médicaments, notre corps n’est plus jamais mis au repos, donc il n’a plus jamais l’occasion de se nettoyer ni de se réparer, du coup il s’oxyde s’épuisent et vieillit plus vite.

Hippocrate, le père de notre médecine recommandait déjà le jeûne pour soigner les petits maux et en prévention pour éviter la maladie. C’est au 19ème siècle avec l’arrivée des médicaments que le jeûne commence à être abandonné (pas assez rentable!), enfin surtout dans les payes riches.

Pourtant les bienfaits du jeûnes sont nombreux :

• La régénération du système digestif
• La stimulation des cellules immunitaires
• La destruction des tissus malades ou inutiles
• La libération des toxines
• La bien-être et la stimulation intellectuelle et émotionnelle. Après un jeûne, on se sent plus léger physiquement mais aussi mentalement. C’est d’ailleurs une tradition qu’on retrouve dans de nombreuses religions avec le Carême, le Ramadan ou encore Yom Kippour. Le jeûne n’est pas une détox ici mais bien une technique de purification du corps et de l’esprit, un moment privilégié de recentrage, d’alignement, de lâcher prise, de présence à soi, de lucidité

Mais le jeûne ne s’adresse pas à tout le monde ! Le jeûne n’est pas un « remède » miracle pour tous et il doit être mené dans des conditions optimales.

Comment ça marche ?

En fait c’est assez logique : pour prévenir ou soulager les maladies, il faut rechercher la pureté de l’organisme. Et pour ca, il faut éliminer ce qui l’encrassent.

A l’époque, l’alimentation apportait peu de sucres rapides, du coup l’organisme fabriquait son énergie à partir des graisses stockées. Et comme les graisses étaient consommées en quantité raisonnable et l’activité physique quotidienne, il n’y avait pas d’accumulation de vieilles graisses.
De nos jours, le sucre est consommé en grande quantité et il est devenu la source principale d’énergie, plus facile à utiliser que les graisses. Du coup, notre alimentation très riche et notre sédentarité nous empêche de brûler correctement les stocks de graisses qui s’entassent et s’oxydent . D’où l’importance de l’exercice physique et du jeûne qui nous permettent de gérer nos poubelles en brûlant nos déchets.

Les différentes étapes du jeûne:

• Tout d’abord pendant les 6 premières heures sans alimentation, le corps puise le glucose dont il a besoin pour fonctionner dans les derniers aliments ingérés
• Ensuite, s’il n’y a toujours pas de nouveaux apports alimentaires, le corps va puiser dans ses réserves de sucre (le glycogène) pendant 24 à 48h.
• Puis au fur et à mesure, nos réserves en glycogène vont diminuer et notre taux de sucre dans le sang baisser. Notre corps va alors sécréter une hormone, le glucagon, pour signaler au foie que le taux de sucre baisse trop et qu’il doit libèrer ses réserves de glycogène pour faire remonter le taux de sucre dans le sang
• Mais quand il n’y a plus de réserve, le corps va devoir s’adapter pour continuer à fonctionner correctement. Il va alors changer son mode de fonctionnement et commencer à tirer son énergie non plus des glucides (sucres) qui commencent à manquer mais des corps cétoniques qui sont des molécules fabriquées par le foie à partir des graisses stockées.
• C’est à ce moment là qu’on commence à puiser dans nos graisses mais pas que… le corps ayant aussi besoin de protéines, pendant cette phase, il va les trouver en brûlant nos déchets, c’est à dire les structures protéiques non essentielles, usées, malades.. c’est là que réside l’intérêt de la restriction alimentaire, puisque ce sont les cellules en mauvais état, indésirables ou malades qui sont utilisées pour nourrir l’organisme. On se nourrit de nos déchets ! C’est l’autolyse, le nettoyage cellulaire.

Voilà le mécanisme du jeûne. C’est dingue non ?

Mais comme je le disais plus haut, c’est bénéfique quand tout se passe bien et qu’on a l’énergie pour que tous ces mécanismes s’enchainent bien parce que le changement de mode de fonctionnement demande beaucoup d’énergie au corps.

Et de nos jours, étant donné l’état de fatigue avancé de nombre d’entre nous, il va être plus approprié de commencer par se recharger en énergie et se revitaliser avant de se lancer dans un jeûne strict.
En fait, le jeûne strict dont je viens de parler, est une, la plus pure mais aussi la plus intense, des techniques de détox. C’est pas la seule.
On ne doit jamais se forcer à faire un jeûne, sous prétexte d’une mode ou d’une méthode miracle. La Naturopathie propose d’autres méthodes moins trempées mais tout aussi efficaces. C’est une pratique, qui doit être pratiquée en étant pleinement en accord avec soi-même.
Et si vous ne vous sentez pas de la tester pour le moment ou que vous n’êtes pas suffisamment en forme pour ça, il existe d’autres possibilités, plus douces mais non moins efficaces pour nettoyer votre organisme. Ces techniques peuvent se suffire à elles-mêmes ou être une première étape avant de tenter l’expérience unique du jeûne.

Je pense par exemple à la dissociation alimentaire, au jeûne intermittent ou à la monodiète qui consiste à ne manger qu’un seul aliment pendant une durée déterminée.
En mettant votre système digestif au repos un court moment, ces 3 techniques vous permettront déjà de soulager vos problèmes digestifs et de récupérer l’énergie rapidement.

La méthode de diète la plus adaptée pour vous sera établie par votre naturopathe selon votre tempérament, votre vitalité du moment et vos habitudes de vie.

Questions fréquentes au sujet du jeûne :

• Puis-je faire du sport pendant que je jeûne ?
  Oui c’est important de faire de l’activité physique pendant le jeûne mais ça va dépendre de la vitalité de chacun. Si vous avez beaucoup de vitalité, vous allez pouvoir jeuner, travailler et faire du sport sans problème. Par contre, si votre énergie est moyenne, vous aller jeûner mais vous aurez souvent besoin de dormir pour vous régénérer et donc vous ferez de l’activité physique modérément. Et si vous avez une faible vitalité, vous ne pourrez même pas entrer en jeune car si vous ne mangez pas vous mourrez de faim.
• Combien de temps il faut jeûner pour que ça marche ? ça va dépendre de vous, de votre vitalité et de vos besoins. Vous pouvez choisir de jeûner un jour par semaine par exemple pour éviter l’accumulation des toxines ou vous lancer dans un jeûne plus long, en mode curatif si vous souffrez d’une pathologie particulière, d’une maladie chronique par exemple. Encore une fois c’est à voir avec votre Naturopathe pour ne prendre aucun risque.
• Est-ce qu’il y a une période plus propice ?
  Oui tout à fait, pour un jeûne long (supérieur à 3 jours) l’entrée dans le printemps et l’automne sont plus adaptées, ce sont des cycles naturels de l’année ou le corps se nettoie. Mais en cas de pathologie spécifique ou d’un jeune plus court, vous pouvez le faire à d’autre moment. L’hiver n’est pas idéal car le froid demande déjà pas mal d’énergie au corps donc c’est pas là qu’il est le plus en forme pour jeûner.
• Est-ce qu’il faut se préparer à faire un jeûne ?
  Oui, un grand oui !
  Un jeûne ça se prépare VRAIMENT. C’est indispensable de faire ce qu’on appelle une descente alimentaire avant le jeûne. J’ai coutume de dire qu’elle doit durée aussi longtemps que le jeûne prévu. Donc si vous partez pour 1 semaine de jeûne, vous ferez 1 semaine de descente alimentaire pour préparer « le terrain » petit à petit. Il est essentiel pendant cette phase de diminuer l’alimentation « encrassante » pour arriver par paliers successifs au dernier jour de cette phase à une alimentation totalement « hypotoxique ».
  J’en profite du coup pur vous dire qu’il est aussi important de faire une belle remontée alimentaire après votre jeûne. Pour optimiser les bienfaits et ne pas brutaliser votre corps.
• Est-ce qu’il y a des dangers/ des contre-indications ?
  • La première contre indication c’est le manque de vitalité. Ne faites pas de jeûne si vous êtes très fatigués, très maigres ou trop affaiblis. Le corps doit avoir suffisamment d’énergie disponible pour pratiquer l’autolyse, le nettoyage et les organes émonctoires doivent être en bon état pour procéder à l’élimination.
  • Si vous souffrez d’une pathologie particulière, renseignez vous bien avant de vous lancer, Hypotension, insuffisance rénale, maladie du foie, diabète, faiblesse cardiaque, cancer, ulcère, hyperthyroïdie, si vous êtes enceinte ou que vous allaitez… vous éviterez le jeûne strict et préférerez la monodiète.
  • En cas de doute ou si vous projetez de faire plus de 3 jours de jeûne, je vous conseille vraiment de vous faire accompagner.
• Jeûne sec, jeûne humide, quelle différence ?
  • Le jeûne humide consiste à boire uniquement de l’eau fraîche en cas de soif et de l’eau tiède salée en cas de faim.
  • Dans le cas du jeûne sec, vous ne buvez rien. Il ne peut s’observer que sur 3 jours maximum, avec des phases précédentes et suivantes de jeûne humide.
• Le jeûne est-il une solution pour maigrir ?
  C’est indéniable, un jeûne bien mené occasionne une perte de poids. En revanche, une partie de ce poids perdu pendant la cure se reprendra automatiquement pendant la phase de retour à une alimentation normale. C’est d’ailleurs un des marqueurs d’un jeûne bien mené et abouti.
  Donc le jeûne ne doit pas servir à perdre du poids. Jeûner n’est pas une méthode d’amaigrissement. Il peut par contre être le déclencheur d’une nouvelle hygiène de vie plus saine.
• Qu’est-ce qu’il peut m’arriver comme désagréments pendant le jeûne ?
  La mise en circulation des toxines libérées par le jeûne peut provoquer un certain nombre d’ « effets secondaires ». Ils sont tout à fait normaux et indiquent même que le jeûne fonctionne bien : c’est ce qu’on appelle « la crise curative ». Ce peut être des maux de tête, une transpiration excessive, une haleine forte, des gaz odorants, un sommeil perturbé, des nausées, des vertiges ou encore une diarrhée. Il faut surveiller ces sig
• Puis-je faire un jeûne alors que j’ai un projet de bébé ?
  Oui si c’est un projet c’est même top pour préparer le terrain. Monsieur et madame peuvent le faire. Par contre biensur on on jeûne pas enceinte ou pendant l’allaitement.
• J’ai peur de manquer d’énergie
  Au contraire, lorsque l’organisme n’a pas à digérer, si la vitalité est suffisante, nous profitons de ce surplus d’énergie.
• J’ai peur de ne pas y arriver : la seule vraie difficulté est de passer outre le mental parce que l’inconnu fait peur. Pourtant il est bien plus facile de jeûner que de digérer un repas long avec entrée, plat, fromage et dessert 🙂

La Naturopathie est une pratique aux multiples ressources et techniques, dont le jeûne fait parti. Cependant, si cette méthode ne vous attire pas ou ne semble pas faite pour vous, consultez votre thérapeute pour trouver, ensemble, ce qui vous conviendra le mieux.