Autres lieux, autres décors et autres prises de conscience environnementales….
Dès que l’on sort des villes, la nature reprend immédiatement le dessus, comme si elle ne voulait rien céder.
J’attendais avec impatience le moment des vacances où nous arriverions à Ilha Grande. Une île dite écologique sur laquelle il n’y a pas de route (goudronnée) et aucune voiture (enfin hormis le camion des pompiers 🙂
Classée Réserve Biologique depuis 1987, Ilha Grande est l’un des derniers sites du littoral permettant de découvrir la véritable Mata Atlantica (forêt tropicale atlantique), l’un des milieux ambiants à la plus grande biodiversité de la planète. Ilha Grande offre à la fois une immersion totale dans la nature et le cadre rêvé d’une île tropicale.
Arrivée sur l’île, je suis sous le charme… un lieu composé de forêt tropicale accompagnée de plages sublimissimes…. Alors si en plus cette nature est préservée et gérée durablement, je m’installe… Définitivement !!!
Pour commencer, installation dans une poussada (petit nom des hôtels brésiliens)… le gérant nous explique que les serviettes ne sont pas changées chaque jour et qu’il faut se méfier de la température de l’eau à l’allumage de la douche car chauffée à l’énergie solaire elle peut parfois être brûlante…
J’engage alors la conversation avec notre hôte pour en savoir plus… l’engagement de l’île est-il réel ? les habitants prennent-ils en compte la planète dans leurs décisions ? Des actions concrètes sont-elles mises en place ?
Grosse déception, monsieur me répond que tout cela n’est que Greenwashing ! Selon lui, le développement touristique et économique est aujourd’hui prioritaire… même s’il n’est pas toujours durable.
De mon côté je n’en reste pas là, et je m’aperçois que le tourisme est l’unique source de revenu des habitants de cette petite île qui ne possède qu’une ville habitée (Abraao), aucun distributeur d’argent mais une quantité hallucinante de petits restaurants ou encore d’agences proposant des excursions en bateau…
Malheureusement, ils ne mesurent pas encore l’importance de gérer leur environnement de manière durable, pfff !
Au détour d’une randonnée je tombe sur un institut de Sustainable Development, j’entre et en baragouinant un mélange d’espanoportugais très approximatif, je comprends que c’est en fait un lieu d’étude biologique et non pas de formation Dév. Durable comme on aurait pu le croire… Dommage parce qu’ils ont de quoi faire avec le trésor naturel que l’ile représente.
Il semble vraiment que l’’ile profite plus de son image qu’elle n’agit en faveur d’un développement durable. C’est triste…
D’une manière assez générale, je retiens de ce tour du Brésil que la nature est puissante, imposante et nécessaire; et grâce à l’accord signé avec les Etats-Unis le 12 août dernier permettant au pays d’utiliser sa dette pour protéger ses forêts tropicales, le Brésil bénéficie déjà d’un vrai coup de pouce !
D’autre part, il me semble que pour un pays en plein essor, il est difficile de ralentir sa croissance en prévision des générations futures… N’oublions pas que 54 millions de Brésiliens vivent avec moins de 2 dollars par jour…
Pour conclure, une petite histoire qui pourrait devenir très grave : dans le Nordest du Brésil, dans un petit village de pécheurs de langoustes traditionnels (c’est à dire géré durablement, avec des casiers déposés en mer à l’aide de bateau à voile), les pécheurs sont en colère !
En effet, le village voisin, pécheur de langouste également, n’en a plus car depuis des années, ils utilisent un procédé de pêche destructeur pour augmenter leur rendement (arrachage de casier, taille limite non respectée, maturité abrégée)…
Aujourd’hui ils viennent se servir chez leur voisin et saccage leur terrain de chasse…. Ne pouvant pas laisser faire ça, une rébellion s’organise, des bateaux sont brûlés… le village assailli est solidaire !
Mais la réalité est là et les pécheurs pêchent de moins en moins de poissons, ils commencent à manquer… et certains tombent dans la drogue, la drogue dure qui leur fait perdre toute raison et dont ils ne reviennent jamais vraiment.
Cette histoire est grave et le fait d’en avoir été témoin me donne l’obligation de vous en parler pour que le monde sache et que vous vous demandiez comment a été péché la prochaine langouste que vous mangerez…