C’est un sujet un peu plus sérieux que d’habitude dont je vais vous parler aujourd’hui. Son petit nom : l’holacratie. Ca vous dit quelque chose ? Non, je ne vais pas vous parler des lacs de Croatie comme mon cher et tendre s’amuse à dire mais bien d’holacratie… un terme un peu barbare au premier abord mais passionnant par la suite 🙂

Lorsqu’on parle de green attitude et de comment sauver la planète, on a souvent tendance à oublier que l’humain en est un élément central. Et aujourd’hui, certes l’environnement souffre mais l’humain ne se porte pas non plus pour le mieux. Nombreux sont ceux qui cherchent un sens à leur jobs et/ou qui se lancent dans de nouvelles aventures pour ne plus subir les côtés obscurs du salariat, statut dans lequel ils sont souvent malmenés, pas ou peu considérés, et peu impliqués dans la vie globale de leur entreprise.

Même si je soutiens à fond l’entreprenariat, je pense aussi depuis quelques temps que le salariat pourrait être bien mieux vécu par certain si et seulement si le système organisationnel de leur structure était remis en cause. Et c’est bien là que je veux en venir avec l’holacratie.

Holacratie - JulieFromParis

Qu’est- ce que l’holacratie ?

Dérivée de l’holarchie et souvent comparée à la sociocratie, l’holacratie est un système organisationnel alternatif qui propose de passer d’une gestion pyramidale avec chef à une organisation en cercle dans laquelle le pouvoir est distribué à chacun.

Pour en savoir plus sur le sujet, feuilletez en ligne cette Bande Dessinée très bien faite.

Je trouve ce sujet passionnant depuis qu’Emma Pometan m’a plongé dans la marmite et que nous le pratiquons au sein de l‘Agence Nouvelle Culture.

Pour illustrer cela, j’ai eu l’opportunité d’interviewer Isabelle Baur, présidente du directoire de Scarabée Biocoop, une coopérative de 130 personnes, à l’origine du réseau Biocoop, qui vient de commencer son voyage en holacratie.

Biocoop Scarabée - Holacratie - JulieFromParis

Pourquoi avoir choisi de passer Scarabée Biocoop en Holacratie ?

Scarabée Biocoop ne cesse de grandir, nous avons ouvert un 4ème magasin, un laboratoire et un service traiteur l’année dernière et un 5ème magasin est en prévision. Depuis quelques temps déjà j’avais le sentiment que notre fonctionnement était obsolète et j’essayais de mettre en place une organisation associant les salariés au maximum mais ça restait toujours une organisation pyramidale menée par le directoire. Je voulais vraiment sortir de cela.

En juin dernier, nous avons pris l’engagement, avec le directoire, de trouver un nouveau système, qui remette l’humain au coeur de l’organisation, bien conscient que c’est lui qui porte l’entreprise.

Et puis pour les 30 ans de Scarabée Biocoop nous avons organisé diverses manifestations dont un forum ouvert d’une journée avec nos salariés pour réfléchir, ensemble, à l’avenir de Scarabée. Cette expérience a remporté un tel succès (+ de 30 projets ont été proposés par les équipes) qu’elle a fini de nous convaincre de la puissance de l’intelligence collective…

Nous ne connaissions pas l’holacratie mais la personne qui a animé le forum ouvert nous en a parlé et après quelques recherches sur le web, j’ai tout de suite eu le sentiment d’avoir trouvé ce que je cherchais depuis longtemps. 

Mais on ne change pas l’intégralité d’un système en un claquement de doigt ?

Evidemement. Pour ce faire, nous avons été accompagné de main de maitre par IGI Partner, seule structure à avoir le droit d’implanter l’holacratie sur le sol Français. Entre début novembre 2014 et début février 2015, plusieurs personnes de Scarabée se sont formées à leurs côtés. Puis mi février, le directoire a signé l’adoption de la constitution de l’holacratie. J’aime dire que le dernier acte de pouvoir pyramidal a été de libérer la société pour basculer vers une entreprise holacratique.

Certains salariés sont-ils réfractaires à ce changement ?

Oui biensur. Il est impossible que tout le monde suivent de suite. Aujourd’hui on est à 3 mois de mise en place, 45% ont bien compris et basculé dans l’holacratie, 50% ont besoin d’un peu plus de temps, ils ne voient pas encore l’impact dans leur travail mais sont en chemin, 5% ne comprends pas et n’a pas envie d’y aller.

L’idée est de ne pas laisser ces 5% au bord du chemin, mais de leur faire confiance en continuant à essayer de les amener vers le changement.

Heureusement qu’IGI Partners nous encadre parfaitement bien parce que l’exercice n’est pas simple. C’est un peu comme si du jour ou lendemain on quittait la France pour aller vivre chez les papous 🙂

Quel coût est nécessaire pour changer de système organisationnel ?

Pour une structure comme la nôtre, environ 120.000€. Ce budget comprant la formation intensive de 26 personnes sur une semaine + un accompagnement intense les 3 premiers mois (2 à 3 jours par semaine pour faciliter toutes les réunions des différents cercles) + des formations annexes sur les différents rôles de chaque cercle.

Je trouve que c’est un coût tout à fait adéquate vu tout ce qu’IGI Partners nous a donné avec une énergie incroyable. Ce ne sont pas de simples consultants, ils nous ont donné beaucoup plus que ce qui était prévu sur le devis initial dans le but unique que l’expérience soit concluante.

Quel bilan pouvez-vous déjà faire de votre changement d’organisation ?

En 3 mois de mise en place nous avons déjà traité plus de 2000 tensions à travers les différents cercles. Une tension est soit quelque chose qui coince au sujet d’un rôle (d’une mission) soit un nœud organisationnel qui empêche que les choses avancent.

On est 130 à travailler chez Scarabée donc avant on avait 130 contrats de travail avec des taches assez déterminées dans chaque contrat. Aujourd’hui il y a plus de 500 rôles portés par les 130 personnes de l’entreprise. Il y avait plein de choses que les gens faisait sans que personne ne le sache, maintenant tout est bien plus clair et valorisé !

L’entreprise est en train de devenir plus fluide et l’énergie de chacun est utilisée à bon escient.

Est-ce que le reste du réseau Biocoop envisage de vous suivre ?

Pour le moment, ils nous observent grandement. IGI Partners organisera prochainement une soirée débat à laquelle j’inviterais les têtes de réseaux de chez Biocoop pour venir écouter les témoignages d’entreprises qui sont passées en holacratie… Mon secret espoir est biensur que tout le réseau bascule petit à petit.

Un mot pour conclure ?

Je nage en plein bonheur. Je suis fatiguée mais heureuse. Le passage en Holacratie demande beaucoup d’énergie mais c’est un immense bonheur !

Et vous, prêts pour le voyage ?